Irinotécan : Réduire la dose initiale chez les métaboliseurs lents de l’UGT1A1 devant recevoir une dose > 180 mg/m² ou de santé fragile
L'irinotécan non liposomal est un inhibiteur de la topoisomérase-1 indiqué en traitement du cancer colo-rectal avancé en monothérapie (dose recommandée de 350 mg/m² toutes les 3 semaines) ou en association (180 mg/m² toutes les 2 semaines).
L’uridine diphosphate-glucuronosyltransférase 1A1 (UGT1A1) est la principale enzyme impliquée dans la désactivation du SN-38, métabolite actif de l’irinotécan, en SN-38 glucuronide (SN-38 G) inactif.
Les patients métaboliseurs lents (homozygotes) de l’UGT1A1 (tels que les patients atteints du syndrome de Gilbert) présentent un risque accru dose-dépendant de neutropénie et diarrhée sévère après une administration d’irinotecan, même si ce polymorphisme de l’UGT1A1 n’explique pas tous les effets indésirables qui peuvent être observés avec ce médicament.
Les laboratoires qui commercialisent des spécialités à base d'irinotécan non liposomal, en accord avec l'ANSM, informent que désormais:
- Une réduction de la dose initiale d'irinotécan est recommandée pour les patients les plus à risque, c’est-à-dire métaboliseurs lents de l’UGT1A1 :
- pour lesquels la dose initiale prévue d’irinotécan est > à 180 mg/m²
- ou pour lesquels une neutropénie et/ou une diarrhée sévères pourraient être délétères (fragilité liée à des comorbidités) quelque soit la dose initiale prévue
- Le niveau précis de réduction de la dose initiale d’irinotécan n’a pas été établi et il convient donc de tenir compte des recommandations cliniques applicables (*). Une augmentation des doses ultérieures peut être envisagée en fonction de la tolérance au traitement de chaque patient.
- Le génotypage de l’UGT1A1 peut être réalisé pour identifier les patients à risque mais sa réalisation n’est pas obligatoire
- Une réduction de la dose initiale d’irinotecan n’est pas nécessaire pour les patients métaboliseurs intermédiaires de l’UGT1A1 (hétérozygotes).
Texte intégral - ANSM - Mars 2022
(*) il est possible de se référer aux recommandations françaises du Réseau national de pharmacogénétique (Quaranta S et Thomas F. Therapie (2017) 72, 193-204, DOI : http://dx.doi.org/10.1016/j.therap.2017.01.005)